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1. |
Initiation
03:29
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Initiation
Sur l’onde guetter le feuillage
craindre d’être terrifiée
se détruire un peu
approcher
être griffée
se tenir dans les ruines
entendre l’ancien ne pas l’exploiter
découvrir les plaisirs
apprivoiser la beauté
cueillir des orties pour se soigner
se durcir à leur contact.
Ton âme de chat veille sur tes nuits blanches
et te transmet.
*
Tire la langue pour te faire reconnaître
fais cercle autour de toi pour que tu distingues
la fleur qui n’est pas toi
le bruit qui n’est pas toi
l’oiseau qui te rêve peut-être
que la lumière rencontre ta peau
avant de jouir en ton oeil
que peu à peu tu sentes tes brèches
nous ferons cercle autour de toi pour
que tu choisisses tes possessions d’être
la pierre ou la mousse
la ligne ou son explosion
ou que tu fasses séquences
que dans l’engrenage chair
ton cri devienne danse
le souvenir que tu es.
*
Ce qui doit être abandonné
ce qui doit souffrir
ce qui doit être déchiffré déchiré
ce qui doit être accueilli
ce qui doit être lié
ce qui doit se faire petit
ce qui doit se faire nombreux
ce qui dérive
pour qu’un coeur vive.
*
J’ai faim des formes et de ce qu’il y a entre
j’ai soif monumentale
de ce que les espaces désirent de moi.
Je ne crois plus à l’indifférence.
Un lieu en son centre
avale le souffle
file la pluie
irrigue demain.
Dans l’écriture des corps
la peau porte ton nom
et les noms du monde
une courbe commence.
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2. |
Avant nous la mort
02:26
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Avant nous la mort
Les anciens savoirs se pétrifient
et bien avant la poussière nous serons
pierre roc âmes-rochers.
*
Le souvenir est la digue nouvelle
je sais que son bras est une constellation
sa jambe un monstre marin
je récupère les amputations
j’émerge le corps à l’image de la présence
pour que les sépultures qui m’ont appris à marcher
s’apaisent.
*
Les petits papiers pliés de mes manques
s’empilent dans un pot
destiné à ce qui me dépasse.
Je fais parler les étoiles en plein jour
sans autre appui qu’une coupe d’eau
ma force m’utilise à des fins inconnues
je la laisse faire son travail.
À chaque aube saisit
à chaque morsure du réel
savoir que dans la beauté et l’inévitable
ce qui vient est terrible.
*
Elle m’amène où les arbres tombent
amoureux et
de toute son absence
me montre le feu à mes poignets.
*
La brume comme une pudeur
le cri tendre caresse charnière
jusqu’aux apparitions
jusqu’aux temps des prophéties complètes.
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3. |
Fudosei
06:48
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Fûdosei (Médiance)*
que dis-tu
je n’entends que les bombardements des phénomènes
l’aigüe la déchirure le tumulte
je n’entends que les cigales assourdissantes à la gare
le ronronnement de la ville - oui la ville est un chat mais
nous sommes fixes dans ses mouvements lorsqu’il s’éveille -
je n’entends que l’aile de la chauve-souris si près de mon visage
je n’entends que les craquements tous les craquements la pression du sol sur le sol
je n’entends que ce qui se perd
je n’entends que ces gens qui chantent dans le parc ceux qui y vivent m’insultent à l’approche
je n’entends qu’une main sur une corde dans l’obscurité
l’autre main devant elle le tintement des bouteilles
je n’entends que l’humilité la fin de mes doigts
je n’entends que l’emprise de la matière
je n’entends que la mue des serpents
le bruit des mutilations des corps les tas qu’on en fait et
le réveil des disparitions
je n’entends que les gémissements la voix douce posée
je n’entends que mes yeux qui ne se baissent pas
je n’entends que le désert ses cactus à déplacer chaque jour
je n’entends que l’acharnement la grande patience des morts
je n’entends que les corbeaux qui guettent
je n’entends que le large le grand large l’immense large
porté en soi
que dis-tu
les arbres de ma rue existent
le bout de ma rue existe
les chiens existent
les lampadaires existent
ma fenêtre existe
la nuit existe
les étoiles existent
les voitures existent
la bougie existe
la musique existe
le bureau existe
la célébration existe
l’électricité existe
la bière existe
l’aube existe
mes souliers existent
Paul Auster existe
la robe du Japon existe
le reste existe
dehors existe
les livres de Vickie Gendreau existent
les culs des cygnes et les ballerines de rien existent
le chant qui lie existe
les parapluies existent
les images existent
les silences existent
l’amour existe
ma cigarette existe
la multitude existe
les refuges existent
les rivières existent
les écoles existent
les souvenirs existent
mon coeur existe c’est une pompe
l’infanticide existe
parler à l’eau existe
la jalousie des soeurs existe
les fleurs de laurier existent
l’handicape complet l’aphasie l’impotence existent
la négation des génocides existe
les adoptions existent
les ânes existent
les danses de feu existent
les caravaniers existent
les rats morts ou vivants existent
l’anxiété existe
l’indifférence familiale existe
ma peau existe
les pierres volcaniques existent
les discussions au bord de l’eau existent
les larmes de deuil étouffé existent
le manque de la terre existe
les problèmes de moteur existent
l’écorce centenaire existe
l’imaginaire existe
l’eau qui traîne sur les feuilles existe
les tentes sur le sable les rencontres qu’elles recouvrent existent
le désoeuvrement des hommes existe
le cannibalisme des femmes existe
l’Inde existe
les livres brûlés existent
les tremblement de terre existent
les accidents inexpliqués existent
les virtuoses illettrés existent
les ressemblances des peuples nomades existent surtout dans le regard des enfants
la générosité existe
les grands lecteurs existent dans la rue
la violence des abstractions existe
la violence des végétaux existe
les systèmes nerveux détruits par l’alcool existent
l’attente amoureuse existe
l’insoumission par la paresse existe
les pendaisons existent
les Marrons peuples d’insoumis existent
la résilience existe
l’oubli existe
l’appât du gain et la honte de la dette existent
l’extinction des animaux existe
crier dans une église existe
la prostitution homosexuelle existe
le viol des petits garçons par des militaires en 1945 existe
l’écho existe
les scientifiques au chômage existent
la culpabilité déraisonnable existe
les vagues existent
la chair de poule existe
la fuite existe
l’abricotier le figuier la vigne existent
le sentiment d’absolu existe
les remèdes existent
la résonance du bol tibétain dans la main sur l’autre main existe dans tout le corps
la peur existe
l’erreur existe
se savoir aimé par son père existe
les bottins téléphoniques existent
le mistral existe depuis si longtemps
le regret existe
le refus de plaire existe
le rapatriement existe
la faculté du rêve existe
la convalescence existe
la mère panique existe
l’amitié immédiate existe
son corps existe quelque part
les baleines existent
les sources existent
les bateaux existent
les différents besoins des plantes existent
les vieux libraires retraités existent
les oiseaux existent
les trains existent
les épines existent
les îles norvégiennes existent on y lit une histoire
la pêche existe
la fatigue existe
que dis-tu?
* Concept élaboré par le philosophe japonais Watsuji : « moment structurel de l’existence humaine », l’entrelien
dynamique entre une dimension individuelle et collective d’où surgit la relation au monde.
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4. |
Corps
04:08
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Corps
Parmi les objets à l’étude
la robe de feu du rêve haïtien
trois nuits de la longueur d’un tibia adulte
la tache rouge sur la montagne
les morts rencontrés dans les oiseaux
des plumes trouvées à ras les paupières
un ravin de ronces
le don des abeilles
les autres trajectoires posées comme des prières.
Le reste du sujet est composé par ses pertes.
*
Gouffre 1 : largeur deux ans, profondeur indistincte.
Utilisation supposée : légèreté.
Je ne garde pas tout
au couteau sans anesthésie j’arrache les cheveux morts
la gangrène la dent pourrie de convenance
j’ampute je taille beaucoup de l’enfance
multiplie les effractions
la corde tombe de mes mains s’enfonce
dans l’eau qui m’éloigne comme chaque chandelle
pour parler aux morts sans m’y suspendre
s’il me manque un pied je marche je lutte
prend les chemins interdits qui sont ceux de la résistance
j’ai avec moi des amis dans ce monde et dans l’autre
l’océan que je porte ne déluge plus pour moi
je tempête avec lui sa houle dans mon ventre sa puissance
les prisons s’émiettent
les évadés survivent
les gardes s’oublient dans l’indifférence
j’engloutis le festin dans une transparence alerte
la joie guette son heure
l’île surgit.
*
Nuit 4 : épaisseur d’un gouffre, texture de lamentation.
Utilisation présumée : honte et révolution.
Mon coeur mon coeur mon coeur
encore mon coeur présent dans ma main
présent à la rivière
mon coeur en forme d’immense
mon coeur déferlant
mon coeur qui ne touche pas à terre
n’existe que par le geste ce soir
qui parle travail
le long travail pour éclairer le monde
travail de funambuliste qui absorbe la peur
une tombe un nid parmi les pins et les châtaigniers m’appelle
moi et mon coeur
je vis dans un monde amputé de bras pour moi et mon coeur
même si j’ai vu des sentinelles de mer
spectres magnétiques veilleurs de chemin
même si j’ai été vue moi aussi par ces papillons de pierre qui mesurent ma foi
j’ai peur du tragique et je suis triste de neige
des angoisses de ma mère des suicides de mon père
mon coeur demande quel bras quel lieu quel souffle
pour ne pas vieillir jour après jour dans une triste fin
Monde sans bras donne-moi une peau un regard
qui me garde moi et mon coeur en pente
ne me laisse pas finir si triste.
*
Je recueille la mémoire et l’absence de regret
le geste commun me traverse
l’eau touche creux
soutient le ciel et
ma fatigue et mon désir de secousse
d’un éros-miracle gigantesque.
Être torrent pour ne pas se noyer.
*
J’ai connu des territoires si légers
territoires de chute
où j’étais légère comme une chute
mais désormais j’assume
mon corps fait pour dresser les chiens.
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5. |
Temps premier
03:27
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Temps premiers
Faire cercle
faire centre
ou est-ce un creux une faille
émulsion chaleur
détournement
on ne voit ce que caresse la forme initiale
sous le regard de l’étoile
transcrite au sol
devenir et naître par force
par dévoration
se jeter dans la lumière
à jamais incomplet.
*
La lueur-fossile éclaire ta beauté
je cherche l’algorithme des chairs
les cristaux du feuillage
l’amour de la pierre pour le vent
l’amour du vent pour
ce qui commence.
*
La toute première forme existe à peine
et chaque seconde la fait encore toute autre
laquelle d’entre elles détermine
la première fusion
première violence
première musique
le rêve initial.
*
Quand le coeur était lave
les explosions jaillissaient par surprise
la brume se fit opaque atmosphère primitive
l’eau de la chair se mit à geindre.
Gratitude pour l’éclair
gratitude pour la pluie qui n’a pas cédé au vide
pour le repos qui a suivi
la peau venait de naître.
*
La douceur-fossile nous parvient
depuis les âges d’avant la glace
feu d’avant nous d’à travers nous
deviendrais-je cette douceur et
qui me fera caresse
de quelle mémoire je subsiste
quelle pierre parlera de moi
moi qui persiste à la douceur
avec mon coeur-fossile qui résiste
qui porte les rêves des autres
comme des gouffres
des ossements creux.
*
L’irréversible de nos familles
l’immense de nos brouillons
l’espace entre les mots
façonnent nos corps
jusqu’à ce qu’on y grave nos nuits.
*
Ce que je dois à la démesure et à la violence
à la négligence respiratoire
au temps milliardaire
à la tyrannie imaginaire
pour
construire la peau
enfanter un lien
nouer le passage
coudre les morts aux vivants
voir le scorpion prendre son visage
le jeter boire sa sève
devenir antidote.
*
Le cercle je le taille au-delà de moi.
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6. |
Route
04:04
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Route
À la moitié de moi-même je ne suis pas rendue
Et je ne sais pas si l’ordre est croissant ou décroissant
Et je ne sais pas l’ordre
Aucune idée si je me perds ou me gagne
Si cela est possible seulement
Être ailleurs qu’en soi-même
Et pourtant tout le temps
Je le vois bien
Les choses changent
Je ne suis peut-être que le quart de moi-même
Que sais-je
À part beaucoup trop de choses
Concernant l’intuition et l’invisible
De la violence des végétaux jusqu’à l’amour indocile
En passant par les cafards invincibles de France
J’ai le chemin qui m’essouffle de part son horizon en manque d’espérance
Et j’ai peur pour mon corps qui ne mène nulle part
Ou est-ce le contraire
Quand la route du langage est si terrifiante
Et qu’après avoir reçu tant de noms
À la moitié de moi-même je ne suis pas rendue.
Alors je me place en plein désir
Pour presque supprimer l’espace
Mais pas encore
À la limite de la limite
Pas du tout comme en plein soleil
L’oeil sauvage et le coeur fragile
Alcoolique et brûlant
J’avance sans me rendre
Je plane fixe et élevante
Et la peau nue
Se transporte du mieux qu’elle peut
Toute vive d’un sang scintillant
À faire glisser la nuit
Mais tout cela me fatigue
Je m’arrête
Je prie
Je désire.
Et je te cherche partout
Sur des falaises debout
Falaises aveugles
Où je trouve un certain malaise
Le visage ballotté par le vent
Du haut de mes rêves
La Terre me fait du rentre dedans
Sans résistance possible contre l’attraction de toi
Il n’y a que le roc et un immense vertige
La gravité ne ment pas
Et je voudrais tant tomber bas dans tes bras.
Plus bas encore contre les falaises
L’écho de l’absence se joue
En mesures chaotiques
Aussi saccadées que la marée
Qui raconte des histoires de trous noirs
Et de peines perdues
Des chemins magnétiques qu’on prend sans voir
Je tremble dans ce paysage
Et ne t’y trouve pas
Même si savais-tu il y a plus d’énergie dans un cube de vide
Que dans une bombe atomique
Et moi je voudrais tant exploser de toi.
Ainsi je marche dans les rues brunes sous cette nuit blanche
Et le rock qui me défonce les oreilles n’est pas assez dur
Et je glisse
Entre les promesses qui se déposent comme le sang
La lune s’éclipse doucement
La pénombre me colle aux lèvres
Je t’ai perdu comme on perd une mitaine
Et depuis cette amputation
Je fais tout à moitié
De la moitié qui me manque
Un ravin à la place du coeur
Je me sens seule
Seule comme un père monoparental
Seule comme une fille en amour.
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7. |
Sens
06:00
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|||
Sens
Voir venir demain
lueur claire imperceptible
demain qui s’échappe du corps sans organe
du temps qu’on ne saurait être
Voir venir demain
le laisser faire
demain ignorant sans égard
demain et son dressement solaire
les arbres asséchés qui s’effritent des branches
l’eau passe l’eau revient l’eau migre
comme demain
sa bousculade
l’enchevêtrement des langues florales
demain l’oasis naufrage
l’idylle encore floue infatigable
le roc qui pèle peau frêle de demain
Voir venir demain
comme d’autres la patience
y croire
le perdre un instant précipice
les images du temps se superposent
la gueule des poissons
les buffles tombant
le retour accueilli de silence
la maladie feinte de survie
la rue qui s’ouvre sur la mer
une porte sur rien
Demain le ciel le chant des grenouilles
la succession modulaire
le serment du doute la totalité du geste
dans la mort vitale des étoiles
l’absolu du manque universel
la peur de marcher
demain autre ville autre territoire une carte au hasard
Demain le minuscule
le serpent du torrent
la perle en nuée sauvage
le poids suave de l’oubli défenestre
les habits de lumière l’orgueil sanguinaire
l’abandon de demain
demain trembler de rire
demain l’éclair la création du sexe
le feu à faire dans l’obscurité
les mots de tissage
le chemin fauve de couleurs
le tombeau de plumes
demain la rencontre maintenu à distance nucléaire
la hache comme une main
l’abeille à offrir
voir venir demain et jouir ce qu’il faut pour vivre jusqu’à
voir venir demain né deux fois de la terre
demain se dessine
formes inévitables monstres lumineux
les enfants qui persistent à l’amour
le sourire la voix rauque les fugues musiques
Voir venir demain l’enracinement aussi certain
que le vent qui chante la tempête et
lui écrire des lettre d’amour
comme aux temps des tranchées
comme on pose l’oeil sur le jardin
avec au ventre le souvenir de l’hiver qui fera demain
Voir venir demain le vouloir plus vif que mort
Sentir son regard sa gueule de baleine
voir venir demain et pleurer
voir venir demain et son visage d’ange
la mère faite fils offrande
ses millions de corps générées
dans le coeur de demain
le cercle commun
les traits voraces de l’oracle
la cruche d’or de tes cinquante ans
les yeux fermés sur la faim
les bulbes de tulipes en déjeuner de guerre
la fuite
le son des cloches comme un invisible baiser
le quartz le désir tellurique
le don la source le lien
la violence de demain
le spectre éthérique de demain
une flamme à l’ancêtre
la barque qui rame sur dix mille ans de misère
le fleuve de cheveux à couper le blé
la grotte inaccessible où mourir lucide
les voix gigantesques des hauteurs brillantes
demain les yeux de Dante
demain pieds nus
rempli de nous
de l’appel de l’ours
du verbe qui vient
comme demain
et l’attendre
et le rejoindre.
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8. |
Poême à une rivière
02:36
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Poème à une rivière
Du miroir trouble je retiens
tout ce que j'ai pu échapper
aussi transparent que la rivière de mes cinq ans
nous ne parlions pas
mais à chacun de mes retours
elle me lavait du pire
Chute
raconte-t-elle à ma chevelure
les mots savent rarement suffire
danse avec les cailloux
les cailloux les galets les roches les pierres
taille la douceur à la joue d'une petite fille
parfois l'idée n'est pas la profondeur
juste le repli qui rencontre
le soleil l'oiseau
la main surtout
ce qui voyage transforme
et mon coeur qui bat
sur ses lèvres
j'ai si peu à dire
je bois déjà ce qui me détache
le deuil je le fais de moi
la vie coule sur mon corps
sans que je devienne
animale noyée
dans mon creux de montagne
je me relève femme-moulin
prête à faire
prête à aimer
à voir partir
ce qu'il faut admettre
de remous de caresses
pour que le monde tourne
respire.
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9. |
Se tisser comme la chair
03:18
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Se tisser comme la chair
Quand je parle
quand tes yeux d’eau brûlent tout sur mon passage
quand les muscles se font délicats arrogants grimpeurs
nous sommes mystères
et nous sommes mystères
quand nous dramatisons
quand l’insignifiance nous rend légers ou graves
quand nous imitons l’idiot ou la bête
nous sommes l’expression même des mystères.
*
Comme autant de corps sur terre
nous ne savons pas ce que nous regardons
nous nous refusons
jusqu’à réduire le temps
nous faisons de nous le dernier cri
d’une histoire qui se ment
qui mystifie les siècles récents.
Les corps et les sciences se meuvent aussi dans les régressions.
Nous souffrons d’oubli nous sommes malades d’oubli
je suis récipiendaire inutile de secrets
qui n’ont aucune puissance
mais beaucoup de preuves.
*
Nos mots nos corps identiques
au besoin de barricades.
Un cercle et
à l’intérieur des ossements à refaire
les enfants courent autour
leurs visages-forêts
à nourrir de chants.
Nous irons à la plage mais
j’ai besoin de barricades.
Des vies glissent entre les doigts des autres
fausses constellations pour
ne jamais se remettre des errances
des vies ivres de plaies et silencieuses
territoires enfouis dans l’épaisse légèreté
où les peaux frêles et radicales
bombardées infiltrées extatiques
persistent.
J’ai besoin de barricades
d’amis et de repères.
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10. |
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Aimer est un acte révolutionnaire
Aimer est un acte révolutionnaire
Qui fait tourner la peau sur elle-même
Et révèle les identités premières
Aimer est même plus que jamais un acte révolutionnaire
Quoi qu’on en pense les illusions savantes d’aujourd’hui
Craquent moins bien que le vernis d’autrefois
Et nous combattants de cette révolution ressemblons à une armée de Don Quichotte
Contre des moulins de silence
Aimer ne fait plus de sens
On parle on chante on baise on pleure
On respire mais on n’aime pas
On aide mais on n’aime pas
On a peur
Parce qu’aimer est un danger
Aimer est un acte sorcier
Se donner tout éperdument est tabou
Ridicule puni trahi
Et pourtant il faut le faire
Notre survie tient au désir
À l’action du désir
Aimer est un acte révolutionnaire
Qui affirme que l’espace de plus en plus mince
Qui nous sépare
Est précieux
Comme tout ce qui entoure cet espace de toute part
Aimer est un acte révolutionnaire
Qui ne s’apparente en rien aux afflues d’artifices
Mais bien plutôt à la justesse du doigt tendu
Qui dit je te vois là tout entier dans ton épaule
Aimer est un acte aussi précis que révolutionnaire
Aimer comme une épée
Aimer comme savoir mourir
Aimer est une prière
Et ma prière je la mets dans mes pieds
Dans mes jambes
Dans mon corps dans mes bras
Dans mes mains
Dans mes coups de langue
Dans mes coups de gueule
Ma prière c’est ce que je dis
C’est ce que je fais
C'est quand je te regarde t’approche te touche
Sauf que là fuck j’ai l’impression de brûler
De m’immoler par en-dedans
Et je deviens aussi triste qu’un moins bouddhiste
Mais j’ai pas un Tibet à sauver moi
J’ai de la poussière et des osselets
Pour prévenir l’avenir
Ma poussière et mes osselets
Incendiés
Parce que j’ai trop d’intensité
Parce que cette intensité ne trouve de place nulle part
Sauf dans les craques du monde
Dans les fissures des frontières
Alors je te jure
Aimer est un acte révolutionnaire
Je pose des bombes à ma mesure
Doucement tout doucement
Mais quelle révolution si elle a réussi
Ne s’est transformée en tyrannie
Quelle révolution ne s’est pas payée chèrement
Au prix du présent sur le dos même de ceux et celles qui l’aimaient
Aimer est un acte révolutionnaire
Aimer est un acte révolutionnaire
Aimer est un acte révolutionnaire
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